Jeudi 28 Aout 2008
7h00 du mat, le téléphone sonne. Nicole, mon épouse m'appelle pour me réveiller. Je lui ai demandé de le faire la veille car j'ai oublié le réveil...chez moi. Dehors, tout est embrumé, je suppose qu'il va faire chaud, tant mieux.
8h00 . Petit déjeuner
9h00. C'est parti pour récupérer les dossards. Juste avant de rentrer à l'accueil, je vois l'épouse de Patrick MALARET avec un cycliste, elle se dirige vers l'accueil. Je vais lui demander comment ça s'est passé pour Patrick la veille car je ne les ai pas revu. Je sais simplement que quand je suis reparti du CLM, elle l'attendait et était un peu inquiète qu'il ne revienne pas. Son départ était une demi heure après. Donc je ne sais pas comment ça s'est passé et je lui demande.
Le gars avec elle, un biterrois, lui dit, "tiens, lui il va t'aider". Ah bon, en quoi puis je l'aider? "Alors comment ça s'est passé hier pour Patrick?" je lui demande."Pas bien car il n'a pas couru" qu'elle me répond. Moi surpris, "il a pas couru, pourquoi?" "Parce qu'il a eu un accident et qu'il est à l'hopital" me dit elle. Moi abasourdi, "il est à l'hopital, c'est grave?". "Oui, c'est grave, il a une fracture du crane, une fracture d'une cervicale, 4 côtes cassées, 1 poumon perforé, un choc à l'oeil". Je reste comme un c.. Je ne sais pas trop quoi dire. Elle enchaine, "j'ai passé la soirée avec lui et il n'a pas perdu connaissance et les médecins doivent lui repasser des radios ce matin mais j'ai besoin de quelqu'un qui parle allemand car je ne comprends rien. Ils ne parlent pas anglais non plus"
Je me retourne de suite et j'appelle Raymond, il se débrouille un peu en allemand. Je lui demande d'aller avec elle à l'hopital pour voir ce qu'il en est puisqu'il ne court pas aujourd'hui. Il accepte de bon coeur, dans ces cas là, il faut se serrer les coudes.
"Comment ça s'est passé?" je lui demande. Elle m'explique qu'il est parti s'échauffer et au bout d'un km, un autre coureur l'a dépassé mais en même temps une voiture les a doublés à tous les 2, sauf qu'en face il en arrivait une autre. La voiture s'est donc rabattue sur les 2 coureurs. Celui qui doublait Patrick a fait un écart, normal, le réflexe, et il a acrroché Patrick qui a chuté lourdement. Le problème, c'est que personne ne s'est arrété pour le secourir. Il est resté là jusqu'à ce qu'une française qui s'échauffait derrière lui le découvre par terre. Elle a appellé les secours.
Bonjour la mentalité des deux chauffeurs et du coureur. J'espère qu'un jour, ils seront confrontés au même cas personnellement et qu'il se passera la même chose pour eux. Inadmissible. Ne pas porter secours à une personne, c'est un crime.
Ils repartent aussitôt vers l'hopital. Elle raménera Raymond à l'hébergement.
Bon, il faut continuer quand même. Les dossards sont retirés.
9h45 . Retour à la chambre
11h15 . Sieste terminée, je mets les dossards et je m'habille.
12h00 . Départ pour l'échauffement. Je suis prêt avant Roland alors je vais faire un petit tour phus haut que le chalet et quand je reviens, Roland a cru que je ne l'avais pas attendu alors il est parti. Je le vois 300 ou 400 m devant moi mais il file et ne se retourne pas. Il veut revenir sur moi...qui suis derrière lui. Il est pas prêt de me rattraper.
Au bout de 10 mn, nous sommes ensemble et puisque nous avons déjà montés la bosse, on va faire un peu de plat. On récupère au passage Miche lDOUCET et on revient vers le départ.
Petit tour en ville, pas pour boire une bière rassurez vous, ce sera pour ce soir si on le mérite. Retour sur la ligne de départ où les coureurs de ma catégorie sont déjà rangés. Il reste 20 mn, ils perdent pas de temps, ils sont pressés de partir. Bon moi aussi je vais me ranger derrière eux.
J'ai le sourire, c'est bon signe non? Je vais me ranger à côté d'un coureur qui porte les couleurs de Neuilly Plaisance. Il s'appelle Luc et on discute un peu pour faire connaissance. Il reste 10 mn et les commissaires nous controlent les dossards. Que c'est long cette attente! Il vaut mieux pas trop cogiter car c'est pas trop bon. Moi, je suis calme et je vois que le peloton est plus important que lundi. Nous sommes en fait 96 pour 23 nations représentées. C'est bien un Championnat du Monde. 23 pays au départ. Et surtout des têtes nouvelles au départ, il faudra m'y faire. 13H00. Le départ est donné Hé j'y suis oui, en haut à gauche. Le photographe a failli me manquer. 300 m après le départ, mon compteur affiche 46 km/h, aux 500 m, il est déjà à 50 km/h. Quel départ! A cette vitesse, la côte est déjà devant nous. J'ai compris d'entré, le niveau est beaucoup plus relevé au Mondial qu'à la Coupe du Monde. Les 500 premiers métres de la bosse sont avalés à...35 km/h!!! Là, je commence à m'inquiéter. J'ai pas de mauvaises jambes mais enfin... Ca ralenti un poil pour le 2ème rapaillon, 30/32 km/h quand même. Ca va vite pour moi, trop vite. Je m'accroche mais je vois que je ne perds pas de places, c'est bon signe. On arrive au sommet de la bosse à 28/30 km/h, c'est le plus dur. Ouf, je suis passé. Je suis à moitié paquet mais à au moins 200 m des premiers. Tout le monde est en file indienne. Je vois Michel participer à une échappée. Sans moi, merci, j'ai besoin de récupéré de cette satanée côte. Je me cache au maximum ce qui ne m'empêche pas de remonter dans les 20 premiers sans faire trop d'effort, seulement en coupant par ci, par là, une place par ci, une place par là, c'est bon. Tiens, le 70, c'est celui qui a gagné le sprint du peloton l'autre jour. Ok je surveille. Un gars tout en blanc vient à côté de moi, on dirait "MR PROPRE". Quelle "bête", il doitaller vite au sprint car il a une de ces paire de cuisses. Les miennes sont petites à côté des siennes. Le "Géant" de l'autre jour est la aussi. Vous vous rappelez, celui qui a fait 2 au sprint et a qui j'avais pris la roue ...jusqu'au 800 m. Le compteur ne descend jamais au dessous de 48/50 KM/h. A ce rythme, la 2ème côte se présente vite devant nous. Me voilà au milie ude la Squadra Azzura. 4 italiens vétus aux couleurs de l'équipe nationale sont autour de moi. Ils ont l'air plutôt facile. La bosse se passe plus vite aussi que l'autre jour, le sommet est dur et un petit écart se fait avec les 50 premiers coureurs et j'y suis dedans. Pour l'instant, même si je m'accroche, c'est bon pour moi, pourvu que ça dure... Dans la descente, la jonction entre les 2 groupes se fait, tout rentre dans l'ordre, peloton groupé. 2 coureurs ressortent et Michel fait l'effort seul et rentre. Joli numéro car ça roule à 50 à l'heure. C'est un faux plat en plus et moi je la ramène pas. Je m'accroche pour ne pas perdre de place. A cette vitesse, je vois encore des mecs me doubler pour aller se replacer à l'avant. Ahurissant!!! Au pied de la 3ème côte, les 3 premiers sont rattrapés, une fois de plus je serais tenté de dire. La côte est montée comme les autres, vitesse V, avec le grand plateau, je peux pas faire autrement. Dés qu'on bascule, le compteur remonte bien vite aux alentours de 50. Les coureurs sont en file indienne. Ca dure un moment, moi je suis toujours dans les 30 voire 40 premiers. Pas intérêt à aller trainer en queue de paquet à ce rythme là. Au bout d'un moment, je relève la tête et je vois un mec 200 m devant le paquet. C'est pas possible, je suis sur le 13, voire le 12, comment il a fait? De derrière reviennent maintenant des coureurs que je n'avais pas encore vus et que je découvre au fur et à mesure. Des américains, des slovaques, un sud africain (beau bestiau que celui là aussi dans son maillot national) et puis soudain, il y en a un qui me frôle. Il aurait été côté soleil, sûr qu'il m'aurait fait de l'ombre. Je vous ai déjà parlé du Géant, et bien, celui là, il est encore plus grand. Lui c'est le Géant des Geants!!! Wouah!!! Qu'est ce que c'est ce mec? D'où il sort? Il a le dossard 51. Par contre, lui, il fait pas dans la vélocité. OK, ça roule à 50 mais il a tout à droite. Sûr que celui là, s'il amène le sprint, m'étonnerais qu'il n'étire pas le peloton. Par contre, le "petit" Geant de l'autre jour, il a monté la 2ème bosse à côté de moi, sur le petit plateau et je vous garantis que les jambes tombent bien et vite. Au sprint, si j'y suis encore, c'est pas sûr aujourd'hui, je prendrais le sillage du 70 ou du Géant. Le peloton ramène à la raison le fuyard et on rentre sur la petite route qui nous ramène vers la côte, 8 kms plus loin. On se croirait à Paris Roubaix tellement ça frotte. Je sais pas s'ils savent qu'il reste un tour encore mais si ça frotte comme ça pour l'arrivée, je sais pas si je m'en mélerais si je ne suis plus lucide. Plus qu'un km maintenant et on va attaquer le 2ème tour et la bosse ....que je n'aime plus tellement maintenant. Je commence à avoir mal aux jambes mais je suis toujours dans les 50 premiers. Mais ça va vite. Et malheureusement pour moi, la côte va se monter plus vite qu'au premier tour. Pas de bol! 37 km/h pour le premier rapaillon, ils sont fous, moi j'ai fais ça au sprint mais je ne vais pas en faire beaucoup d'autres comme ça. Je suis au "taquet" et je suis incapable d'aller plus vite. Avant d'atttaquer la 2ème pente, je lève la tête et je vois tout le monde en file indienne. Je crois que nous sommes tous un peu pareil. Mais c'est pas bon du tout car si un mec fait une cassure, c'est foutu. Je m'accroche comme je peux et je passe les 2 autres coups de c.. comme je peux mais je suis toujours dans les roues et personne ne me passe. Voilà le dernier morceau, je vais sauter c'est sûr, je suis cuit. Le compteur ne descend pas au dessous de 30 km/h. Je ne me rappelle pas avoir monter une bosse aussi vite. Maintenant, il y a des mecs partout, ça casse de tous les côtés, par paquet. Je regarde vers le haut et je dois être dans le 4ème peloton. Sauve qui peut. Je dois être à au moins 300 m des premiers que je ne vois plus. Je crois q'aujourd'hui, je vais avoir un problème pour faire une place. Je franchis le haut à l'agonie, ça se voit sur la photo non? 3 paquets devant mon groupe, pas loin les uns des autres. Ils semblent que ça veuille rouler vu la vitesse. J'ai peut être une chance encore. Personne ne veut lâcher le morceau, moi, je vous le dis, ça m'arrange. Eh, les gars! ne comptez pas sur moi pour venir prendre un relais, je suis à fond dans les roues. Faites sans moi, merci... Ca y est, nous avons récupéré le 3ème peloton, plus que 2 devant. On en reprend un autre, ceux là n'étaient pas trop nombreux. En fait c'est dans mon paquet que nous sommes les plus nombreux. Il n'en reste plus qu'un à l'avant. On arrive au pied et je vois passer le Géant Géant, il est encore là? Il grimpe aussi alors. Il a encore tout à droite et il veut passer devant tout le monde. Vas y, ne te gène pas pour moi. Il attaque la bosse comme ça, comme s'il roulait sur le plat. Il va pas nous faire la montée à 40 à l'heure quand même non? N'empêche qu'avec ça, on reprend le 1er paquet. M...., je suis toujours en course pour le titre. Ca y est, à nouveau, je suis encore au taquet, décidément, ça se présente pas trop bien. Mais comme je m'étais replacé à l'avant (dans les 15 premiers), ça va m'aider. Le Géant Géant commence à avoir un problème de motricité, tant mieux pour moi, ça ralenti un tout petit peu. Ouf!!! pas pour longtemps, le haut fait une nouvelle sélection. Je ne me retourne pas mais je ne vois plus Michel (grosse déception pour lui, il a cassé un rayon à sa roue arrière et a été obligé de lacher prise). Je suis maintenant dans les 30 premiers mais un groupe d'une dizaine de gars s'en va. Celle là, je crois qu'on la reverra plus. C'est du costaud à la manière où ça sort. Au bout de 10 bornes de chasse, tout est à refaire. Peloton compact, amaigri certe, mais compact. On doit être une soixantaine de coureurs. Je ne suis plus trop saignant mais je me replace dans la roue du 70 qui remonte. On va rentrer sur la petite route, les 10 derniers kms sont là. Je m'accorde 2 kms pour faire le vide et essayer de m'enlever le mal aux jambes. Je roule mais je ne m'occupe plus de rien. Je suis le groupe simplement. 9a roule à 46, 48 km/h voire 50 et plus et je vois passer le Géant à côté de moi. C'est parti pour le final. A partir de maintenant, je me bats, plus question de se laisser aller. Le titre de Champion du Monde se mérite. Nous sommes dans les 10 premiers du peloton et je me cache un max, mais que ç a frotte. Tout le monde veut être devant. C'est limite dangeureux mais tant pis. 5 kms de l'arrivée, le Géant Géant revient à ma hauteur et veut ma place. Pas question, elle est pour moi celle là et je n'abdique pas même s'il se fait pressant. Un peu trop dés fois mais je ne le laisse pas faire. 3kms, la longue ligne droite qui nous ramène presque au pied de la côte, que nous allons laisser à notre droite pour attaquer les 2 derniers kms. Je lève la tête pour voir loin devant si c'est dégagé et qu'est ce que je vois. Il y a encore un groupe d'échappés 300 m devant. Non, c'est pas vrai! ils vont pas me faire ça. Je croyais que tout le monde avait été repris. Petit temps d'arrêt sous le casque, est ce que ça vaut le coup de se battre comme ça et de prendre autant de risque maintenant? La décision est prise rapidement : OUI 2 kms. Je suis dans les 5 premiers, je ne me sens pas trop mal et j'ai l'air d'avoir les jambes pour faire le sprint. J'y crois. Même pour une ènième place. La flamme rouge, ça roule à 50 et les mecs remontent toujours mais je reste devant. Moi, je garde le sillage du Géant. Je mets le 11 aux 500 m et le sprint se lance aux 300 m. Le peloton se rabat à gauche. Ca va passer quand même. Tout d'un coup, je sens un gros coup de frein dans ma roue arrière, un mec touche ma roue et s'appuie dessus, je m'assied sur la selle et j'arrète de pédaler quelques franctions de secondes qui durent longtemps et je serre fort le guidon, il m'entraine avec lui dans la chute? Non, je vais passer. Moi oui, mais pas celui qui a touché ma roue, il prend une belle gamelle avec d'autres. Ceux sont les risques du sprint. Le sprinter le sait. Mon sprint est foutu, je le fais quand même jusqu'au bout.
Dommage, dommage, je suis sûr que j'avais les jambes pour faire devant!!!! Au fait, devant, il y avait 11 gars qui s'étaient fait la malle dans la côte. Je ne les avais jamais vus devant. Pas de regrets donc. De toute façon, ils méritent d'être devant, moi, sincérement, je ne suis pas à ce niveau. Chapeau quand même. Donc pas de regret mais un peu de déception quand même car faire dans les 20 d'une telle course, pour moi, ça aurait été super. Je fais 29 ème. Moyenne de la course 42.4 km/h. On attend maintenant l'arrivée de la course de Roland. A 2 kms de l'arrivée, le speaker parle de lui....mais on comprends rien. On voit tourner aux 500 m...un homme seul. On se prend à rêver, il va décrocher un maillot arc en ciel enfin. Et bien non, c'est un maillot rouge qui arriv, un italien qui fait son show en déchaussant dans la ligne d'arrivée pour nous faire voir qu'il a gagné sur une jambe. Un peu méprisant au passage le gus. Il ne nous interesse plus celui là. On attend la suite.... Presque 2' après, il faut reconnaitre qu'il a été fort le mec quand même pour faire cet écart. Le peloton est en vue on voit bien Roland en train d'amener le sprint. Il nous dira qu'il a mis le 11 et puis il a lancé le sprint. C'est bien , faut le faire simplement. Costaud ça il est car amener la dernière ligne droite comme il a fait, personne ne pouvant remonter à sa hauteur, sacré sprint. Quel déboulé!!! Je crois qu'il a mis les choses au point avec les commissaires aujourd'hui en leur faisant voir qu'il n'avait pas besoin de faire une "entourloupe" pour gagner. Il mérite sa 2ème place aujourd'hui. Il est super content d'avoir joué ce bon tour et nous sommes content pour lui. Les adversaires viennent le féliciter pour son final, si c'est pas du respect ça!!!! Même Daniel LEVEAU, l'homme à prés de 1000 victoires FFC et toutes en amateur où presque, est venu lui serrer la main. Presque 1000 victoires, ça laisse réveur non? La remise des prix sera superbe, comme d'habitude avec des super coupes (pokal en autrichien) pour les 20 premiers. Tous les soirs la grande foule pour honorer les lauréats. Roland montera sur le podium et sans contestation ce soir. Tenue de coureur pour le podium, maillot de champion pour un champion Roland attend qu'on l'appelle sur le podium et regarde interloqué, comme tout le monde d'ailleurs, le 1er se présenter sur le podium... en tenue de ville, les mains dans les poches. Et encore, les officiels lui ont demandés plusieurs fois de monter sue le podium avant qu'il acccepte. Un champion du monde cycliste dans cette tenue pour recevoir le maillot symbolique. Quelle inconvenance!!!!!!! Je me demande s'il est "entier". Bon passons...... Claudia SAINTAGNE aussi a eu droit au podium mais sur la ...2ème marche. Grosse déception pour elle mais comme toute championne qui se respecte, sûr que l'an prochain, elle voudra effacer ce "petit couac". 2ème, c'est super, sourit nous Claudia s'il te plait...... Et le podium de ma catégorie
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